Auteur /Christoph Hein/ Lu pour vous par Leserin
Il est vrai que je vénère cet écrivain, il est vrai qu’il m’accompagne depuis longtemps, il est vrai qu’il m’a beaucoup aidée à comprendre ce qui s’est passé en République Démocratique Allemande, avant et aussi après la chute du mur. Christoph Hein raconte avec une telle évidence, comme s’il avait tout vécu ce que vivent ses personnages.
Désarroi est l’histoire d’un amour qui ne trouve pas sa place, ni dans l’Histoire, ni dans la société, ni même dans la vie de l’être aimé.
Il y a des personnes comme Friedeward et Wolfgang, les deux héros de cette histoire. Ce sont deux jeunes hommes issus du milieu catholique de Heiligenstadt, en Allemagne de l’Est, dans les années 50. Ils sont lycéens et font une découverte inquiétante et dangereuse pour eux : ils sont gays à une époque où une telle inclination n’était pas seulement réprimée par l’Eglise et la société, mais constituait un crime puni par l’état.
C’est un amour qui doit rester caché, derrière des murs, en marge de la société. C’est l’histoire de la RDA, une histoire de séparations et de murs.
L’enfance et l’éducation de Friedeward ont été marquées par la peur, la douleur et la confusion. Son père, un pédagogue, élevait ses enfants d’une main de fer et n’hésitait pas à recourir à des châtiments corporels, même lorsque la RDA avait depuis longtemps banni légalement les châtiments corporels des écoles.
Friedeward devient professeur à l’université de Leipzig, même sans appartenir au parti. Il est raide, correct, distant, respecté. Mais il reste un homme blessé, incapable d’assumer son homosexualité.
Wolfgang part à l’Ouest, un lieu de liberté politique qui se transforme en prison, en raison de son homosexualité qui y reste interdite. L’ Allemagne de l’Est abolit les lois contre l’homosexualité en 1989 et l’Allemagne de l’Ouest en 1994.
Roman difficile à résumer, à donner aussi envie de lire, mais qui en vaut la peine, déjà pour l’auteur : Hein ne célèbre ni la langue, ni la construction, ni le contenu. Il raconte. Et il le fait avec une telle évidence et une telle assurance que cela m’impressionne chaque fois profondément !
Pour moi, de la grande littérature..une fois de plus !
P.S. Vous trouverez dans ce roman, les portraits de deux professeurs charismatiques d’université, Hans Mayer, qui a marqué le manière décisive la vie intellectuelle de l’université de Leipzig dans les années 50 et au début des année 60 et qui a quitté la RDA en 1963 et de Ernst Bloch philosophe, spécialiste de Hegel.
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