Auteure / Brit Bennett
Lu pour vous par Rose-Lire
Le premier roman de cette auteure américaine à suivre, « Le cœur battant de nos mères », lui a valu le prix du meilleur premier roman étranger. Et celui-ci est, de même, tout à fait prenant.
Nous voici à Mallard, drôle de ville de Louisiane si petite « qu’elle ne figure sur aucune carte » et de plus très particulière puisque les gens qui vivent là sont tous des métis très blancs de peau, or, dans l’Amérique des années soixante, la ségrégation est toujours bien présente.
Un jour de 1954, deux jumelles magnifiques au teint crémeux disparaissent de la ville. Leur père bien que clair de peau a été assassiné par un blanc sans raison et en toute impunité.
Leur mère se tue à des lessives pour les vrais blancs et elles ont donc décidé de fuir pour trouver un endroit où elles pourront davantage s’épanouir.
Mais quatorze ans plus tard, l’une d’elles, Desiree réapparaît, tenant par la main une fillette d’environ huit ans, « noire comme le goudron ».
Sa vie n’a pas été semée de pétales de roses : elle s’est mariée à un policier noir qui la battait et a failli la tuer plus d’une fois…
Revenue à Mallard auprès de sa mère, avec sa fille Jude, elle devra accepter le destin dont elle ne voulait pas et vivre dans le manque laissé par l’absence de sa sœur.
Sa jumelle Stella, disparaît de la Nouvelle Orléans pour mener l’existence d’une femme blanche, en épousant un homme très riche et en lui mentant sur ses origines.
Son mensonge ne lui apportera guère le bonheur et gâchera même la vie de sa propre fille qu’elle élèvera dans le racisme, et trop gâtée, deviendra prétentieuse, arrogante et égoïste comme pas une.
La lumière de ce roman vient de Jude, la fille noir-bleu de Desiree qui a bien connu le rejet des habitants de Mallard, les moqueries à l’école, l’impossibilité d’avoir des amis à cause des préjugés de leurs parents…
Elle ira poursuivre des études à Los Angeles tout en faisant des petits boulots, rencontrera Reese, un superbe noir qui, en fait, a eu une identité de fille mais sait qu’il est un garçon et aura pour but d’être accepté ainsi.
C’est un roman captivant, très riche, sur l’identité, la recherche de son moi profond, d’où on vient et bien évidemment sur le racisme.
Les personnages secondaires auraient gagné à être plus présents comme Early, le compagnon de Desiree, sorte de beau-père de Jude qui fait beaucoup mais n’a jamais de reconnaissance (il est noir et vit avec !).
Voici donc une histoire qui, une fois terminée vous hantera longtemps. Tous les lecteurs n’auront pas la même perception de Stella, timide, discrète, allant de mensonges en dépressions car elle peut inspirer une certaine pitié. C’est pourquoi, il peut être lu et débattu dans les cercles de lectures tant il peut inspirer de sentiments divers.
Le titre lui-même peut donner lieu à diverses interprétations : l’autre moitié de soi, est-ce la jumelle dont l’absence peinera toujours chacune des héroïnes ou la part d’ombre que certains personnages portent en eux ?
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