Auteur / Béatrice HAMMER
Lecture à 4 mains : Rose-Lire et O’no
L’avis de O’no
Celle qui répond au doux nom de Blanchette est une jolie jeune fille qui nous rappelle une non moins célèbre Blanchette née sous la plume d' Alphonse Daudet. S'agit-il d'une simple similitude d'appellation ou l'histoire de l'une qui se déroule en miroir de celle de l'autre?
On peut alors se demander si notre Blanchette aura les qualités de celle de Daudet et si elle connaîtra le même destin tragique!
Le parcours universitaire suivi par Blanchette ne la destine pas à l'écriture mais ce désir qui la taraude depuis son enfance est devenu pour elle une évidence. Elle se fixe alors deux objectifs: se trouver un amoureux fiable et durable et remporter des prix littéraires gages de reconnaissance et de réussite.
Blanchette partage ce récit avec son narrateur, un écrivain chevronné et vieillissant qui connaît toutes les arcanes du métier. En sage mais, parfois aussi en censeur, il commente les succès ou les échecs de celle qui est certainement sa créature.
Blanchette se heurte à de nombreuses péripéties et difficultés inhérentes à l'écriture: syndrome de la page blanche,recherche d'éditeur, jalousie de ses pairs. L'auteur, sans complaisance aucune, avec un humour teinté d'ironie, révèle les dysfonctionnements et défauts qui polluent le monde de l'édition .
Ce partage du récit entre héroïne et narrateur agit comme une caisse de résonance dans un style direct qui lui donne un attrait particulier.
Je ne dirai pas si notre Blanchette a subi ou pas le même sort que la Blanchette de M. Seguin car je veux vous laisser le plaisir de le découvrir en lisant ce livre.
L’avis de Rose-Lire
Après l’intéressante description faite dans ces pages du « mouton tarbais», voici maintenant La Petite Chèvre…» mais nous ne sommes plus dans le domaine des ovins car la jeune Blanchette est une charmante jeune fille qui veut devenir écrivain ou du moins écrire et être éditée. A 25 ans, elle a tout pour être heureuse, de brillantes études en école de commerce lui ont offert un bon job à la direction d’un grand groupe international, une indépendance qu’elle apprécie mais ilmanque deux choses à son bonheur : un amoureux d’abord et écrire un texte de fiction qui tienne la route. C’est là sa vocation car elle a toujours eu de bonnes notes en rédaction depuis le CE1…Elle va donc plancher sur l’écriture d’une nouvelle. Or, notre Blanchette n’est pas vraiment réelle car elle est la création d’un écrivain médian, comme il se dit, ni obscur, ni vraiment célèbre. Il veut raconter l’histoire de Blanchette en pensant bien entendu à la chèvre de M.Seguin sans parler de lui, ce qu’il fait cependant très souvent, d’autant que Blanchette lui échappe dans sa quête de reconnaissance : elle est d’une grande naïveté et tombe dans tous les pièges des novices qui veulent se faire éditer. D’autre part, son désir de dénicher un amoureux pour assouvir ses fantasmes assez déroutants quand même, l’amènera à commettre bien des erreurs mais on ne peut jamais avoir trop d’empathie pour elle car l’écrivain créateur nous prévient à l’avance des bêtises qu’elle va commettre.
Le récit de ses aventures littéraires ou sexuelles est très drôle et le roman prend la tournure d’un pamphlet contre les éditeurs, les déceptions de Blanchette étant contées avec verve et ironie. Les réussites aussi, car il y en a, et là, nous jubilons avec elle quand elle va régler quelques comptes avec les profiteurs.
La dernière page du roman m’a donné à réfléchir car, pauvre Blanchette, «il faut bien que le loup la mange», certes, et pardonnez-moi de faire la Mamie Spoile mais c’est attristant !
Et puis en reprenant le roman au début, je me suis dit qu’en fait, merveille de la fiction, les personnages ne meurent jamais, revivent à loisir et pour eux la mort est impossible aussi absurde que le créateur l’ait voulue!...
Le style enlevé, fluide, les chapitres courts et aérés, la construction pittoresque font de ce texte jouissif, une belle réussite qui ne peut que vous amuser même si vous n’avez aucune velléité d’écriture.
Une chouette découverte !
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