Auteur/Keisuke Hada/Lu pour vous par Rose-Lire
Les débuts de ce court roman écrit dans ce style d'une concision extraordinaire propre aux Japonais, peuvent paraître banals pourtant il a obtenu le prix Akutagawa sorte de Goncourt dans ce pays.
Mais très vite, on s'aperçoit que cette histoire nous amène à réfléchir sur nous-mêmes, à comparer avec notre société et l'on s'aperçoit que les problèmes soulevés par le maintien des personnes âgées ne sont pas éloignés des nôtres.
Kento est un jeune homme de 28 ans, chômeur désabusé, passant des entretiens en quantité mais improductifs, qui vit toujours chez sa vaillante mère. Celle-ci va au travail tous les jours mais s'occupe aussi de son vieux père qu'elle héberge.
Donc Kento, dans son laisser-aller désenchanté, cohabite avec le vieillard. Ce dernier, il faut l'avouer, se montre pénible, dérangeant sans cesse pour se faire servir, se plaignant constamment de douleurs, imaginaires selon Kento, et réitérant à l'infini sa phrase favorite « Je suis un boulet pour ta mère et toi... je prie pour partir vite... je ferai mieux de mourir ».
La mère s'évertue à conserver l'autonomie du grand-père en évitant de le servir, le faisant marcher pour le maintenir en forme, le forçant à stimuler sa mémoire...
Au contraire, Kento va prendre les jérémiades du vieil homme au pied de la lettre et décide de lui éviter tout mouvement pour qu'il dépérisse plus vite...
Cet assistanat amène le jeune homme à de nombreuses réflexions sur l'attitude des soignants en maison de retraite par exemple où leurs attentions auprès des résidents ne sont pas de la gentillesse mais une façon de se simplifier la vie en accomplissant eux-mêmes des tâches qu'ils pourraient laisser faire avec un peu de leur participation.
Mais aider une personne à assurer ses tâches quotidiennes est plus éreintant que les faire soi-même. Les fauteuils roulants indispensables vont servir à éviter les déambulations dans les couloirs de personnes mal assurées sur leurs jambes (dixit Kento).
Avec la perte rapide d'autonomie, la sénilité apparaît plus rapidement et l'on ne fait pas de différence entre ceux qui veulent encore profiter de la vie et ceux qui veulent se laisser mourir...
Ce sont les réflexions de Kento qui en décidant de s'occuper à temps complet de son grand-père, veut économiser le paiement de la maison de retraite mais aussi l'amener plus rapidement vers la mort.
Et c'est lui qui va devenir plus actif, dans une solitude quand même troublante, s'interroger sur lui-même, se consacrer au sport et essayer de comprendre le vieil homme. C'est lui qui va en sortir renforcé pour affronter les défis que pose son existence.
Car en effet, le problème des jeunes logeant chez leurs parents est aussi évoqué avec la nécessité des très communs Love Hôtel où ils peuvent retrouver leur copine.
Ce livre peut paraître sombre mais il n'a rien d'affligeant même si le problème du vieillissement de la population s'invite en arrière plan.
En fait, je dois avouer avoir mal compris le titre et l'image de sa couverture qui m'avaient amenée à l'acheter en m'imaginant qu'il s'agissait d'un livre zen...
La vie du bon côté ? Ce n'est pas vraiment cette expression qui caractérise ce roman plein de dérision. Le titre anglais paraît plus judicieux: Scrap and Build soit mettre au rebut et construire. Quand au personnage béat allongé sur l'herbe en couverture, il ne m'évoque aucun des personnages du bouquin mais peut-être n'ai-je pas tout compris.
Quoiqu'il en soit, n'hésitez pas à lire cet intéressant roman, il est court, va à l'essentiel et vous ne le regretterez pas.

Comments