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Le vertige MeToo

Photo du rédacteur: Le cercle D.E.littLe cercle D.E.litt

Autrice/Caroline Fourest/Lu pour vous par Rose-Lire et Clothilde


Deux lectures, deux appréciations bien différentes. Voici la "bataille" des chroniques pour cet essai.


La chronique de Rose-Lire

Les critiques du dernier essai de cette autrice que j'ai toujours beaucoup appréciée et admirée m'ont vraiment interpellée, en particulier celle de Télérama qui est ma bible hebdomadaire depuis une cinquantaine d'année.

« Vide et problématique »  écrit Juliette Cerf dans son billet. Mais je connais bien Télérama et ses opinions tranchées que je partage souvent...ou non !

Quoi qu'il en soit, il faut essayer de se faire une idée par soi-même et comme cette essayiste, journaliste, féministe indiscutable, est tellement à l'aise pour exprimer ses idées à l'oral comme à l'écrit, je me suis vivement plongée dans cet essai.

Dans Délitt, j'avais d'ailleurs chroniqué Génération offensée qui m'avait bien plu il y a déjà quelques temps.

 

Voyons donc ce Vertige MeToo, sous titré « Trouver l'équilibre après la nouvelle révolution sexuelle ».

L'autrice veut donc dans cet essai étudier la culture du viol dans le passé, s'intéresser à l'historique de la parole des femmes avec la croyance de leur   infériorité naturelle physique ou intellectuelle, et voir l'évolution de cette parole mais aussi certaines exagérations car pour cette féministe reconnue et assumée tous les hommes ne sont pas à mettre dans le même sac.

Au début de l'essai, elle va donc rappeler diverses affaires qui ont contribué à la naissance de ce mouvement.

Tout d'abord, elle évoquera Tariq Ramadan dont elle dénonce déjà en 2004 le double discours dans son livre Frère Tariq. « A part les Russes, dit-elle, je connais personne d'aussi doué pour l'inversion accusatoire que les Frères musulmans ».

Cela lui vaudra des insultes de tous côtés, la traitant d'islamophobe d'extrême droite  avant de voir enfin cette star médiatique traînée en justice.


Caroline Fourest va donc nous rappeler divers cas que nous connaissons bien comme DSK ou Polanski en nuançant toujours son propos.

Elle étudie diverses versions des faits référencés en fin de livre, mais constate que la présomption d'innocence est souvent remplacée par les journalistes par une présomption de culpabilité et quand il s'agit d'artistes créateurs, elle voudrait dissocier l’œuvre de la vie privée. En cela elle me rappelle un livre de Proust que j'avais étudié en mon jeune temps Contre Sainte-Beuve, ce dernier défendant la thèse qu'il ne peut y avoir  de  création importante sans morale et bien sûr Proust réfute cela, car lui homosexuel, n'aurait pas le droit d'écrire où d'exposer ses idées (à l'époque).

Caroline Fourest ne fait pas allusion à ce livre mais dans un chapitre fort intéressant, elle développe qu'il ne faut " pas séparer l'homme de l'artiste mais l’œuvre de l'homme ".

A propos de Polanski, elle compare les versions de la jeune femme abusée dans sa jeunesse qui exprime sa lassitude d'être traitée à vie de victime de Polanski, l'empêchant d'être elle-même et celle de son prédateur. La confrontation des deux versions reste impitoyable pour Polanski.

Cependant, même si elle comprend la sortie d'Adèle Haenel lors de la cérémonie des Césars, elle pense que certains des films de cet auteur, absolument remarquables doivent être projetés d'autant que ce sont des œuvres collectives et c'est injuste pour tous ceux qui y ont travaillé.


L'autrice insiste sur le fait qu'il ne faut pas confondre les agressions sexuelles avec la drague maladroite, insistante et parfois inopportune. On peut dire non, sans sombrer dans la haine.

Les Américains accusent les Français d'avoir la culture du viol. Or, l'impunité semble bien terminée. La tolérance à la française est bien dépassée. Le succès de livres sincères et de plus bien écrits comme le Consentement de Springora ou Familia Grande de Camille Kouchner montrent bien que les prédateurs ne peuvent plus agir sans frein.

Certaines affaires qui en fait auraient dû sortir plus tôt honorent pourtant les journalistes avec une presse pas toujours complaisante ou coupable quand elle s'attaque aux rumeurs sur les réseaux pour rétablir la vérité.

Mais de nombreuses plaintes infondées ont gâché la vie de personnages en vue les poussant même au suicide.


Caroline Fourest dénonce avec beaucoup d'exemples les excès de l'après MeToo en rappelant que la leçon d'Outreau semble complètement oubliée.  Elle constate que certaines accusations sont totalement abusives avec une sur-victimisation à outrance (Sandrine Rousseau).

Elle raconte aussi des histoires de femmes qui ont détruit la réputation de gynécos faisant juste leur métier.

Elle-même étant une battante, elle voudrait que les femmes apprennent à assumer, à refuser d'être des victimes à vie même si ça paraît cruel !

 

Cet essai m'a bien intéressée et après l'avoir lu attentivement, je ne vois pas pourquoi il a essuyé tant de critiques négatives mais je devine que.  certains propos de l'autrice  concernant Télérama, Médiapart et Eddy Plenel, et tant d'autres personnages haut placés, ont bien dû déplaire !

  

Faites comme moi, lisez-le avant de critiquer à tout va !

 

Je ne regrette pas cette lecture et bravo à cette essayiste qui ne suit jamais le sens du courant, n'a peur de rien, sait se défendre et défendre ceux qu'elle juge accusés à tort.


La chronique de Clothilde

Rarement, un essai m'aura mise autant en colère. Par où prendre le sujet ? J'ai biffé énormément de citations, non pas pour m'en souvenir mais pour être bien certaine de ce que je lisais. "Pas du genre à s'apitoyer, elle n'appartient pas à la génération woke et déteste "l'industrie des victimes". Voilà un peu le fond (sic) du propos de l'autrice, elle oppose "son" féminisme universaliste de femmes fortes au nouveau féminisme à qui elle reproche de trop considérer la femme comme une victime sans l'aider à se sortir de cet état et d'être woke i.e communautariste. Et toutes ses démonstrations se font au travers de ce double prisme quitte à laisser entendre que les victimes sont avant tout des femmes fragiles ou des femmes manipulées par le nouveau féminisme qui n'essaie pas de les élever de leur condition victimaire.


Elle est totalement effrayante quand elle écrit : "revenons à la difficulté de discerner parfois les emprises toxiques des emprises bénéfiques". Selon elle, l'amour et la passion sont une forme d'emprise, cette vision est juste tragique !


Elle est carrément dérangeante quand elle commence le portrait d'une accusatrice par ces mots : "Charlotte, une jeune comédienne anorexique, fragile". J'ai alors été prise de nausée ! Que vient faire cette description d'une victime de Depardieu à part de chercher à discréditer sa prise de parole ? Caroline Fourest souffle le froid et le chaud en permanence, la rendant éminemment manipulatrice. On ne sait jamais où elle se situe à part dans le rôle qu'elle semble particulièrement apprécier, celui du procureur qui valide ou invalide les accusations.


On se demande aussi comment il est possible en 2025 après le procès Pélicot d'écrire que certaines agressions sexuelles ne doivent pas faire l'objet des mêmes dénonciations que des "vrais crimes" sexuels, ce qui signifie pour elle qu'ils ne doivent pas jeter l'opprobre sur leurs auteurs. Or, Dominique Pélicot est "tombé" pour avoir été pris en flagrant délit de filmer sous les jupes des filles. Si seulement Fourest était sortie de ses obsessions anti woke, elle aurait compris -et c'est bien ce que ce procès hors normes nous aura appris- qu'il n'y a pas de "petites" atteintes sexuelles et sexistes comme elle dit. Tous ces actes participent d'une image dégradée et dégradante de la femme qui peut amener à des violences absolues. Minimiser revient à nier que toutes les agressions sont graves pour les victimes et inquiétantes pour la société.


Il y aurait encore bien à dire sur cet ouvrage. Mais, je ne peux que m'interroger sur les pages consacrées à Adèle Haenel qu'elle fait passer pour folle, à Judidth Godrèche dont elle reprend les propos d'Anny Duperey arguant que pour être sous emprise il faut une victime un tant soit peu consentante ! Que dire aussi quand elle pleurniche sur le sort de Roman Polanski en expliquant que son attitude vis à vis de la jeune fille qu'il a violée peut s'expliquer par sa vie personnelle liée à la Shoah : "la sexualité sert quasiment de fil conducteur à son autobiographie, comme si elle était avec le cinéma sa seule pulsion vitale". On parle d'un homme de 46 ans qui abuse d'une fille de 14 ans !


Enfin, je ne peux que m'interroger sur cette vision centrée sur le monde du cinéma, des médias en oubliant combien MeToo et Balance ton porc ont permis à des femmes de se sentir fortes et soutenues pour accuser leur patron, leur conjoint, leur voisin. Sur un livre de 300 pages, elle n'en parle que sur 5 malheureuses pages.


Lisez-le pour vous faire votre opinion. La mienne est faite et elle est sans appel.


Et vous, vous avez lu cet essai ? Vous êtes team Rose-Lire ou team Clothilde ?

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