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Le voyage d'Anna Blume

Photo du rédacteur: Le cercle D.E.littLe cercle D.E.litt

Auteur/Paul Auster/Lu pour vous par Rose-Lire


La disparition de cet auteur que j'ai beaucoup aimé m'a donné envie de me replonger dans le Voyage d'Anna Blume qui m'avait marqué au début des années 90 et dont il ne me restait que le souvenir d'un plaisir intellectuel. Mais sa relecture m'a montré combien ce roman dystopique était riche, inventif, précurseur d'un monde en décomposition et parfois d'une brûlante actualité.


La jeune Anna, partie à la recherche de son frère journaliste disparu écrit à un ami laissé derrière elle et lui raconte son périple.

Elle aboutit dans une ville détruite, coupée du monde, la Cité de la Destruction, dans Le Pays des choses dernières qui devrait d'ailleurs être le titre beaucoup plus approprié de ce  roman. Il l'est en anglais !

Dans ces rues aux maisons éventrées où Anna erre, les habitants survivent comme ils peuvent dans l'abjection et la violence humaine mais aussi climatique puisqu'il est impossible de prévoir la météo tant les variations sont brusques.

Les gens survivent en  petits groupes ou plutôt sectes comme les Tambourineurs, Findumondistes, libres associationnistes ou encore Chiens et serpents ou autres Charognards ne vivant que de déchets.


Déjà, on voit les informations complotistes, les fausses nouvelles qui fleurissent, prennent le dessus et amènent certains au désespoir, d'autres plus rares vont essayer de survivre en essayant de garder un peu d'humanité. On ne sait rien de la cause de cette destruction de la ville. On en voit seulement les effets  et actuellement, l'on ne peut que songer à Gaza, à certaines contrées de l'Ukraine...


La  description de cette société post apocalyptique en violente décomposition est extraordinaire d'inventivité. Le livre est dense, paragraphes à peine séparés avec des  dialogues mêlés au texte. Pourtant on est scotchés par l'histoire, les rencontres que fait Anna avec de belles personnes. En effet, si dans la souffrance certains individus cherchent à faire mal aux autres et si l’égoïsme le plus avilissant prédomine, quelques personnages amènent un peu d'espoir.  Pas beaucoup quand même, (ils sont quatre dans l'histoire) et il semble qu'on aille vers  le noir, le vide, le rien où chacun va disparaître.

    

Il est évident qu'une telle chronique ne donne pas envie de se plonger dans un tel livre. Pourtant, je ne regrette pas de l'avoir lu à nouveau et j'avoue qu'il me hante d'une façon bien différente de la première fois prouvant que les classiques sont toujours présents à chaque étape de la vie et aident comme dit Paul Auster à vivre un jour de plus.

 

Il faut aussi noter qu'à la fin du roman se trouve une longue chronique remarquable de Claude Grimal qui analyse, éclaire le roman. Ce n'est pas elle qui l'a traduit mais cette auteure, traductrice, chroniqueuse me paraît extrêmement pédagogue et elle réussit à faire passer son amour des livres et en particulier celui-ci auprès de lecteurs moins avertis.

   

Lancez-vous, ce sera un plaisir et un hommage à cet immense écrivain disparu.

1 Comment


Guest
May 15, 2024

Quelle riche idée de reprendre cet ouvrage. C’est mon préféré de Auster, je l’ai tellement conseillé pour découvrir l’auteur. Je n’aime pas pourtant les dystopies et pourtant j’ai adoré cet ouvrage. Merci Rose-Lire pour cette chronique. Clothilde

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