Auteur/Wilfrid Lupano/Illustrateur Ohazar/Lu pour vous par Rose-Lire
On ne peut s'empêcher d'éprouver de la tendresse pour ces Vikings toujours combatifs, certes mais devant affronter un monde en déliquescence, en proie à de profonds changements. Leur place n'y est plus assurée et ils discutent sobrement sur l'amoindrissement de leurs valeurs, de leur croyances. Ils s'interrogent sur leurs pratiques, leur avenir.
Ils vont être désemparés devant les changements de mentalité des victimes peu enclines au combat préférant tout donner, de toutes façons, ils n'ont plus grand chose... une fille peut-être que le fils du chef acceptera pour sa faible dot ?
Évidemment, tout est très drôle avec un scénario de Lupano (souvenez-vous de la merveilleuse Bibliomule de Cordoue, des Vieux fourneaux...) et le dessin de son frère Ohazar dont je ne connais qu'une BD sur les retraités.
L'écologie est bien présente : un jeune homme, en proie à la nausée, vomit dans son casque « pour ne pas salir la mer », les anciens parlent de pillage durable, écoresponsable...
Ces Vikings préfèrent les palabres, les commentaires à la place des batailles et ils notent que le monde va vers la communication à outrance, « l'histoire dira si c'est une bonne chose! »
Ils parlent de mentalité verticale, bien cloisonnée. Ils constatent qu'après une victoire, les petits qui pourtant en ont été les acteurs, aux premières loges toujours, ne sont plus rien, leurs exploits totalement occultés.
Les échanges sur la comparaison des religions sont savoureux. La vaillance de Thor, ses deux fils courageux et sans état d'âme alors que chez les chrétiens, le Dieu a travaillé dur 7 jours mais depuis ne fait plus rien. Il a bien un fils mais souffreteux qui s'est fait clouer sur une planche après un banquet entre amis...
On trouve des commentaires sur le pouvoir collant de la croyance, sur le vikisme, nouveau mouvement prônant la vie intérieure puisque ramer la favorise avec le mouvement perpétuel des rames dont le flux et reflux rythme la pensée...
Le dessin n'est pas en reste, par exemple, on discute en ramant à propos de monstres marins et l'on voit le petit drakkar bien net mais tel un bouchon au creux de la vague de Hokuzai...
C'est une BD réjouissante qui se déguste demi-planches par demi-planches.
C'est un premier tome mais je ne vais pas manquer l'album n° 2 dont le titre est bien prometteur «Valhalla Akbar».
Comentarios