top of page
  • Photo du rédacteurLe cercle D.E.litt

L'encre vive

Autrice/Fiona MC Gregor/Lu pour vous par Rose-Lire


Ce roman australien absolument remarquable présente un portrait de femme magnifique et original même si au début du livre, Marie apparaît banale, faisant toujours discrètement mais activement ce qu’on attend d’elle.

Elle a abandonné ses études toute jeune pour épouser un publicitaire devenu très riche, et élever ses trois enfants. Elle a géré l’entretien de leur somptueuse maison qui offre une vue imprenable sur le port de Sydney dans un quartier opulent. Le jardin est sa passion, elle en a fait une merveille et y passe beaucoup de temps. Ses amies sont les femmes des collègues de son époux, leurs relations sont bien superficielles et elle a sombré dans un alcoolisme mondain que chacun entretient autour d’elle.

Mais, il y a trois ans, quand elle avait 56 ans, son mari l’a quittée, ils ont divorcé et peu à peu des détails nous font découvrir l’homme insensible et mauvais qu’il est.

Certes, il lui a laissé la maison après l’avoir vidée des œuvres d’art et meubles de valeur mais habituée à un train de vie fastueux, elle contracte des dettes et se voit contrainte à la vente de cette demeure familiale.

C’est pour elle un crève-cœur surtout à cause de son jardin, de sa vieille chatte qu’elle adore mais poussée par ses enfants, d’un égoïsme effarant et qui se voient déjà partager la recette, elle s’y résout.

Un jour où elle a beaucoup bu, elle entre dans un salon de tatouage avec le sentiment de transgresser, de se libérer du monde de conventions dans lequel elle vit. Elle fera la connaissance de Rhys, véritable artiste, lui offrira sa peau pour des créations et elles deviendront amies. Marie entre ainsi dans un autre monde et commence à prendre en main sa destinée.

Son entourage ne la comprend pas, bien entendu. Elle a arrêté de boire pour que sa peau saigne moins mais ses enfants préfèrent la voir ivre : c’est dans l’ordre des choses.

Eux aussi révèlent au cours de l’histoire une fragilité, un mal-être que l’on étudiera jusqu’à la fin avec en filigrane la canicule, la sècheresse en Australie qui troublent bien peu ces bourgeois plus ou moins homophobes, repliés sur eux-mêmes et totalement hermétiques aux problèmes du monde.

Ce roman est puissant même si parfois les personnages nous énervent par leur futilité, mais avec des détails judicieusement révélés, ils montrent d’autres facettes de leur personnalité et la construction du récit nous maintient en haleine jusqu’à la dernière page. Le portrait de Marie restera dans nos mémoires probablement longtemps.

Ce livre a eu un prix en 2011 en Australie mais n’a été traduit en France qu’en 2019. C’est le seul de cette autrice, artiste performeuse, et c’est sûrement dommage.


28 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page