Auteur/Christian Lax/Lu pour vous par Rose-Lire
Énorme coup de cœur, sans hésitation, pour cette saga graphique de Christian Lax, postfacé par Pascal Ory de l’Académie française.
Le récit démarre vers 1830, sous la monarchie de Juillet. Dans les Alpes, le jeune Fortuné Chabert est «colporteur en écritures» soit instituteur itinérant et il se rend dans des hameaux reculés chez des habitants qui veulent bien accueillir des groupes d’enfants ou d’adultes pour leur apprendre à lire, écrire et compter. Mais ce n’est pas toujours facile car, bien sûr, les filles ne sont pas les bienvenues, le travail à la ferme est prioritaire et la loi Guizot va interdire l’enseignement à toute personne n’ayant pas un brevet. De plus, la religion tient une grande place dans les apprentissages préconisés.
L’ami de Fortuné préfère s’exiler au Mexique mais Fortuné préfère devenir colporteur en livres et avec son âne, il ira proposer des ouvrages et les expliquer dans les villages de montagnes. Mais souvent ses livres sont considérés comme pernicieux (Victor Hugo) ou inutiles et la censure bien présente. Fortuné se décourage et décide de partir en Californie qui appartient alors au Mexique à la période de la ruée vers l’or. Il suivra des convois de migrants, retrouvera son don pour faire l’école aux enfants, et s’intègrera dans une tribu indienne. C’est là qu’il bâtira son école baptisée «L’université des chèvres» ouverte à tous les savoirs.
Le temps passe, il épouse une indienne, a des enfants et toute l’histoire de l’Amérique s’invite dans ce récit avec une de ses descendantes, Arizona, jeune journaliste qui part en Afghanistan et…
Tout est magnifique dans cette histoire extrêmement documentée, aux dessins splendides.
Tout y est terrible et bouleversant, d’une grande justesse, et le lecteur n’en sort pas indemne.
La postface de Pascal Ory est aussi remarquable et analyse bien mieux que je ne saurais le faire tous les malheurs que l’obscurantisme toujours actuel apporte dans un monde où l’école n’est pas encore regardée avec respect et admiration.
Merci à Clothide d'avoir proposé ce magnifique ouvrage à une rencontre livres de Delitt.
