Autrice/Gaëlle Nohant/ Lu pur vous par Rose-Lire
Ce roman historique publié en 2015 a obtenu plusieurs prix bien mérités et il est depuis devenu classique. Je viens de le relire et il m'a toujours autant passionnée.
Il traite du fameux incendie du Bazar de la Charité à Paris en mai 1897 qui suscita tant de polémiques, de rumeurs et l'autrice traite de tout cela avec beaucoup d'habileté et de rigueur et pourtant sans lourdeur au travers de ses personnages réels ou inventés.
L'histoire va se dérouler sur deux mois (mai et juin) avec des incursions dans le passé qui ne plombent pas l'action mais éclairent les personnages et parfois apaisent le lecteur plongé dans des situations d'un grand réalisme.
Nous sommes donc sous la 3ème République pourtant les aristocrates méprisants, égoïstes, imbus d'eux-mêmes tiennent toujours le haut du pavé.
Les romans anglais sur ce dernier thème foisonnent depuis Jane Austen mais les Anglais sont loin d'avoir le monopole de cette morgue, de cet orgueil, de cette méchanceté sarcastique, des mensonges qui défont les réputations et peuvent même amener à la mort.
Dans ce contexte, nous allons suivre l'histoire de Violaine, jeune veuve du Comte de Raezal qu'elle a beaucoup aimé et soigné pendant 13 ans. Mais il s'agit de secondes noces pour le Comte qui a déjà deux grands enfants qui haïssent et méprisent leur belle-mère. Alors quand il est mort...!
Sa veuve donc veut essayer de survivre dans cette bonne société où elle a peu de relations et elle ira solliciter auprès d'une noble bien en vue une place de vendeuse bénévole dans un étal du Bazar de la Charité. Ces ventes sont l'apanage des dames de l'aristocratie qui se vantent d'être charitables et redonneront avec ostentation du bout de leurs mains gantées de chevreau, quelques pièces aux indigents qu'elles regardent avec un dégoût réprimé en surface.
Il faut voir la condescendance de Mme de Fontenilles cette haute aristocrate très titrée (par son mari) qui refuse la candidature de Violaine au Bazar mais l'expédie soigner les tuberculeux dans un sana insalubre.
Mais elle y rencontrera la Duchesse d'Alençon, princesse d'Autriche, sœur de Sissi, qui verra sa peur, son dévouement et la prendra à son étal du Bazar.
Par ailleurs, nous rencontrerons une autre héroïne, la jeune Constance d'Espingel, mal aimée de ses parents et qui a rompu ses fiançailles avec le merveilleux Lazlo car la mère supérieure du couvent où sa mère l'avait mise pour son éducation, lui a fait peur. Comment ce jeune homme a-t-il osé lui déclarer dans sa demande qu'il serait son mari amoureux, fidèle et... son amant? Il est lubrique donc pas pour elle qui est pure et tournée vers Dieu...
Toutes ces femmes se retrouveront prises dans cet incendie terrible qui sera dépeint dans une description à la Zola avec la personnification du feu, ce monstre qui ne fait que grandir et tout dévorer.
La première partie se terminera avec l'homélie d'un dominicain «Dieu a voulu châtier la France pour son plus grand péché: la République».
La deuxième partie nous montrera la bassesse des nobles face aux rumeurs, aux mensonges de certains journalistes véreux prêts à inventer pour qu'on parle d'eux, la petitesse de certains parents prêts à faire enfermer leur fille pour hystérie car elle est endommagée par les brûlures et ne pourra faire un beau mariage.
Ce roman est dense et l'autrice excelle à montrer en peu de mots l'absurdité des coutumes de cette fin de siècle, le fanatisme religieux, les horreurs des asiles de fous où l'on enferme volontiers les femmes pour s'en défaire et où les docteurs et les religieuses n'ont aucune humanité...
Si vous ne l'avez déjà fait, plongez-vous dans cette fresque foisonnante où les vrais héros ne sont pas non plus oubliés!
Gaëlle Nohant est une autrice vraiment importante qui s'appuie sur l'histoire qu'elle fait revivre avec bonheur.
Dans ce même blog, un de ses magnifiques livres plus récent a déjà été commenté et très apprécié: «La femme révélée», photographe aspirant à la liberté.
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