par Cy
lu pour vous par Rose-Lire
Tiré d’une histoire vraie, le scénario de ce roman graphique paraît simple : En 1918, dans le New Jersey, de nombreuses jeunes femmes travaillant sur des cadrans de montres phosphorescentes grâce au radium sont tombées malades, beaucoup sont mortes mais certaines ont réussi à engager un procès qui a changé quelques lois.
Malgré ce sujet plombant, il ne se dégage pas de tristesse dans ce volume car l’héroïne Grace est une jeune fille absolument lumineuse (dans tous les sens du terme) et elle possède une gaieté, une joie de vivre qui déteint sur ses amies.
Grace, donc, est ouvrière dans une usine où les femmes sont préposées à la peinture des cadrans de montres avec une technique très particulière en trois temps : pour que le pinceau soit bien fin, elles doivent le lisser entre leurs lèvres « Lip »,prendre la peinture au radium « Dip » et peindre les chiffres et les aiguilles « Paint ».
C’est difficile car chaque employée doit peindre 250 montres par jour et nous l’apprenons par la formation d’une nouvelle venue, Edna, jeune femme conventionnelle, respectueuse des lois, sans esprit critique et souvent choquée par la liberté et l’indépendance de Grace qui l’entraîne dans son sillage.
Les travailleuses sont très bien payées pour l’époque et sont connues au départ sous le nom de Ghost Girls car dans les fêtes, les soirées qui ne manquent pas en cette belle époque, elles brillent dans le noir. C’est très amusant ! Pourtant un docteur va les mettre en garde, faire observer que les hommes sont masqués dans les bureaux mais il sera renvoyé…
Et le doute puis les maladies apparaissent, la syphilis leur dit-on…Les filles deviennent des Radium Girl, continuent à vivre chacune avec leur caractère, certaines se réjouissant du droit de vote pour les femmes, d’autres n’y voyant aucun intérêt.
Le temps passe avec beaucoup d’ellipses mais on se repère sans problèmes.
Ce qui est saisissant et réussi dans cette Bd, c’est le graphisme avec une composition des vignettes très travaillée, évoquant parfois des compositions cubistes, les expressions des personnages éloquentes et pourtant, le trait est succinct.
Quant au choix des teintes, crayonnées aux crayons de couleur, il est très restreint dans des camaïeux de violet et de vert, le fameux vert radium luminescent.
Je dois dire qu’au début, j’ai été déroutée mais peu à peu, en observant les détails subtils mais fréquents, on entre dans cette histoire qui vous prend et ne cesse de vous hanter d’autant que l’interview de Cy., à la fin du livre est très instructif et permet de bien comprendre ce qui aurait pu rester obscur dans ses intentions.
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