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  • Photo du rédacteurLe cercle D.E.litt

Le mage du Kremlin

Auteur / Giuliano Da Empoli Lu pour vous par Rose-Lire et Clothilde L'avis de Rose-Lire :

Ce récit passionnant est-il un roman, une biographie, une analyse politique et historique… ? Certainement tout cela à la fois.

En effet le narrateur, jeune érudit intéressé par des figures russes importantes du 20ème siècle va rencontrer un homme de pouvoir extraordinaire qu’il nommera Baranov dans ses écrits.

Ce dernier, après avoir connu les plus grands honneurs auprès de Poutine, a disparu, tombé en disgrâce et s’étant réfugié discrètement dans une datcha isolée où le jeune homme va le retrouver.

Dans le roman, Baranov, surnommé le mage du Kremlin, va alors prendre le relai de la narration et raconter peu à peu sa vie d’intellectuel, de metteur en scène cultivé devenu l’éminence grise de Poutine qu’il a contribué à mettre au pouvoir.

A travers les yeux de ce Baranov qui a existé réellement sous un autre nom, on assiste à l’ascension de Poutine, de plus en plus puissant, de plus en plus hermétique et proche de la folie.

Ecrit avant la guerre en Ukraine, mais prémonitoire, ce livre montre que rien n’est fortuit, que le système totalitaire mis en place pouvait être prévu mais la corruption généralisée, la propagande, la désinformation, l’aveuglement de la population habituée à sa misère ne peuvent que le renforcer.

Avec la construction remarquable du récit, une analyse fine de faits bien connus comme les marins prisonniers du sous-marin naufragé, les assassinats, les disparitions d’oligarques, l’auteur réussit à nous passionner et à nous faire sentir intelligents.

Le Goncourt lui a échappé de peu car les arcanes de l’attribution de ce prix sans être aussi sombres que celle du pouvoir russe sont bien difficiles à percer.

Comment hésiter avec « Vivre vite » sans réelle écriture, sans véritable histoire et le formidable travail de Giuliano da Empoli ? Lisez et comparez…


Et l'avis de Clothilde :

Je n’ai pas voulu connaître l’histoire du livre et de son auteur. Pourtant, il est à se demander comment il a pu à ce point se glisser dans la peau du conseiller de Poutine. Tout semble si réaliste, si évident. Comment ne pas voir aussi en son auteur un véritable conseiller des princes tant il connait les ressorts de ce métier, ses facilités et ses errements. Il sait que le conseiller a pour lui de rester dans l’ombre avec tout ce que cela peut avoir de confortable à laisser le Prince monter au front, prendre des coups et ne jamais savoir où se situent finalement ses vrais amis. Et au-delà de cette description d’un métier qui a traversé les temps sans trop changer, le livre décrit qui est Poutine, qui sont les Russes. Le lecteur comprend à quel point la stratégie occidendale de diabolisation d’un peuple est contreproductive quand le roman national s’est construit autour de la peur que les Russes instillaient dans l’esprit de leurs ennemis. Dès lors, leur montrer qu’ils effraient le monde ne peut que les satisfaire d’être devenus ce qu’ils se sont toujours rêvé d’être. Bref, lisez-le ! C’est un bijou politique, géopolitique et humain !






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